Episode 3 - Fête foraine.
Oh! La fatalité n’est pas de ce monde pour ceux qui ne se résignent jamais.
Il ne faut jamais désespérer de l’amour.
Quelques années plus tard, l’aventure, la bonne, vint tenter Evangéline.
Elle avait pris les traits d’un grand bel homme, colporteur de son état : Evguény, mais on lui disait Eugène.
Evguény, Eugène, en plus de quelques colifichets, boutons et inventions révolutionnaires, vendait Evguény, la vie
d’Evgueny.
Il avait vu le jour à la cour d’un Prince Russe, disait il, dont sa mère était camériste de la Princesse.
Des amours ancillaires du Prince et de la femme de chambre était né notre Eugène.
Elevé parmi les enfants légitimes du Prince, il avait acquis une bonne éducation et la pratique de la langue
Française.
Devenu adulte, sa voix était tracée, le Prince, jouant de son influence, lui promettait une jolie carrière d’officier dans
les armées du Tsar.
Bien trop épris de liberté suite à la lecture des grands philosophes de ce siècle, il s’enfuit muni seulement d’un petit
pécule que sa mamouschka avait économisé sur ses gages, consolidé par une bourse de son géniteur.
Il entreprit alors un long voyage à travers l’Europe pour retrouver la terre de ses ancêtres maternels : la France.
Chemin faisant, il fit la connaissance d’une famille tsigane dont il s’éprit de la fille.
Pour fuir les foudres du père de celle-ci, ils durent s’enfuir.
Sur le chemin de leur cavale, ils achetèrent à la veuve d’un dompteur une ours géante. Ils partirent tous les trois
dans une roulotte au hasard des chemins.
Cette ourse, malgré sa taille était docile et débonnaire.
Elle avait appris à lutter avec son dompteur qu’elle étreignait délicatement mais en poussant des cris
terrifiants.
Alors, il suffisait que le dompteur lui caresse les aisselles et le monstre se couchait en poussant de petits gémissements
qui étaient sa façon de rire.
Sa gitane, pendant ses luttes épiques, faisait le tour de l’assemblée avec un chapeau en jouant du tambourin.
Cette épopée dura plusieurs mois. Eugène qui écrivait chaque jour un poème avant de caresser sa gitane, n’espérait rien
d’autre de la vie que le lendemain.
Un jour, à l’occasion d’une fête de village, ils croisèrent une troupe de gitans.
Invités, le soir, ayant bu plus que de raison, il s’endormit.
Au matin, il se réveilla, l’ourse était toujours là, mais sa gitane avait disparu.
Ce gros animal le poursuivait de son affection chaque jours plus pressante. Surtout le soir. Cette grosse fille vierge,
faisait sa puberté.
Ayant malgré tout traversé toute l’Europe, il s’en vint tenter sa chance à la capitale.
Pour pimenter le spectacle, il proposait à des individus de défier l’ourse, moyennant finance, proposant du 50 contre un.
Evidemment, l’ourse terrassait tous les prétendants qui ne devaient leur survie qu’aux salvatrices chatouilles.
Il arriva qu’un jour, il tardât à arrêter le combat. On entendit alors le craquement lugubre des cotes du
téméraire.
L’ourse fut vendue au zoo, et la roulote à des chiffonniers.
Depuis, Eugène écumait les campagnes en vendant des colifichets.
Réjouissant les femmes délaissées, et renouvelant au passage le sang des familles.
C’est ainsi que pendant quelques mois, il fit le bonheur d’Evangéline.
Un matin, lassé, il disparu.
Pendant quelques temps, le visage d’Evangéline s’éclaira d’un charmant sourire un peu triste, puis la nuit retombât dans sa
vie.
A suivre…