A Pâques les cloches, ce Mardi : les clochettes.
Un vent coquin soulève les jupes.
Une caresse sur la nuque,
Des cheveux décoiffés,
Ce corps qui frissonne,
Ce zéphire, ce matin,
C’est un baiser parfumé.
Bises les filles
Ah ! C'est ballot !
Selon un sondage, mais les sondages, hein !!
Doudou ! Doudou !
- Fait chier ta gosse avec son doudou...
- Ma gosse, c’est la tienne aussi….
- Tu gonfles, tu le sais, ça ?.....
- Pauvre con…
Elle l’a murmuré….peur de lui…de la trempe...les coups, les bleus !
C'était y a bien longtemps, le temps joli du bonheur.
-Tu vois, commissaire, ça, c‘est l’enfance…la mienne…brut de pomme.
- Profil bas ma belle….le racolage c’est interdit, c’est pour ça qu’t’es là.
- J’évoque, pas de provoc, j’suis pas d’humeur.
Nadine, Chloé pour le métier, assise sur cette chaise inconfortable, la lumière dans les yeux, fatiguée, lassée,
répond au petit flic fatigué, enfoncé dans son fauteuil simili- cuir, derrière ce bureau encombré couvert de miettes de pain, de chips, de cendres de cigarettes……ça pue !
- Bref ! Alors, le type que t’as racolé, nous a déclaré : elle m’ a abordé en me disant : je le cite « T’as du
feu doudou? »…Alors ?……
- Pauv’e con !
La G'lée : Y a pas qu'le Travail dans la vie…
Surtout pas dans la vie de mon pote La G’lée !
- Salut !
- Salut !
Quand je monte sur le quai, je vais sur ma bitte,
j’amène pas mon coutea u, mais mon pliant.
et quelques bières.
- T’as pas un clope ?
- J’fume plus….. Une bière ?
- Ouais, avec un croissant, j’aime bien tremper mon croissant du matin dans un d’mi.
- Tiens une cuisse c’est l’meilleur dans l’croissant.
- Qu'est que t’as à l’œil ?
- Rien, j’me suis cogné à un CRS à la manif.
- La manif pour les retraites ?
- Ben oui.
- T’as jamais bossé d’ta vie, toi.
- Ouais mais les autres, y bossent.
- T’es solidaire ?… (je me marre...)
- Ben oui, si ils ont plus d’oseille, qui va payer un coup, Avec qui j’vais jouer aux cartes ? Hein?
La G’lée, c’est le genre de mecs, t’as l’impression qu'ils ont toujours été là, figés à pas d’âge, comme si ils étaient
tombés de la Lune, brut de décoffrage. Jeunes, parfois, ou vieux, ils bougent plus, ne vieillissent pas, ils sont là, immuables, et puis un jour pfft!
C’est des types, si ils n’existaient pas, les bistrots feraient faillite.
Pas qu'ils dépensent, le RMI, ça va pas plus loin que la semaine, mais ils meublent, y a toujours du monde pour la
conversation, quoi.
Les clients ne s’y trompent pas qui leur payent toujours un verre.
On lui dit "la g'lée" c'est rapport à son temps de réaction......je crois.
- Tu pousses un peu, non ? Solidaire…?
- Non, du tout, j’suis là, en témoin, moi le moins que rien, pour eux qui sont rien. Le mètre étalon , la dernière frontière avant le misère, quand t’as même plus de copains, quoi.
- Tiens, mon RMI, déjà, c’est pas gras mais je le partage.
Ben oui, j’ai jamais fait grand-chose, que des p’tits boulots goulot - casse croûte. Rendu des p’tit services.
J’ai même, plus jeune, distrait les pauvres femmes de travailleurs pendant que leurs hommes étaient au boulot, je les faisais reluire.
- Et tu trouves ça moral, toi ?
- Ben grâce à moi, ils ont jamais été cocus…elles sont toujours là. Et oui, mon pote....
- Alors, tu vois, je voulais partager tout ça avec eux, être un peu des leurs
Et, en soutien, j’vais à la manif, j’rembourse.
- Au fait ! Tu vas aller voter en Avril ?
- Ben oui, moi aussi, comme les riches, j'ai des "valeurs" à défendre.
A bientôt sur la bitte à popol.
Ce matin, sous une bruine froide, j’ai accompagné Eugénie Goindre à sa dernière demeure. Cette aimable centenaire était la
dernière épouse de Fulgence Goindre qu’elle avait épousé à 18 ans lui en ayant déjà 50.
Comment, sans le trahir rendre compte de la vie et de l’œuvre de Fulgence Goindre ?
Peut être ne le savez-vous pas, mais Fulgence Goindre, dans certaines contrées, est aussi, si ce n’est plus, connu que
Louis Pasteur.
Si Pasteur enthousiasmât l‘Europe, Goindre l’intriguât.
Rien ne prédisposait le jeune Fulgence à un destin universel.
Ni sa naissance, bien que par le siège, ni sa famille, ni ses études médiocres.
Fulgence Goindre
A 15 ans, bien que de constitution chétive, il s’enrôlât dans la Royale, pour voir du pays. Oh! Du pays il en
vit, mais il mordit surement plus d’oreillers qu’il ne découvrit de contrées. De ce séjour dans la marine, il gardât une dévotion aux bains de siège, pour l’eau.
Libéré de ses obligations militaires, réformé pour déficience anale, il entreprit de prendre sa vie en main.
Ses pérégrinations marines, l’avaient familiarisé avec le milieu aquatique.
Se sentant à l’aise dans cet élément, il décidât d’y consacrer sa vie.
Grace a un petit héritage, il fit l’acquisition d’une bicoque prolongée d’un petit atelier au bord d’un étang.
Pour gagner sa vie, il exerçât divers petits métiers. Rendit moult services.
Le soir, en rentrant de ses diverses occupations, il s’enfermait dans son atelier et jusque pas d’heures, il inventait, du
moins, il s’y essayait.
Paradoxalement c’est d’abord dans la musique qu’il établit une petite renommée.
Aujourd’hui, plus personne ne se souvient du goindre, cet instrument de musique à percutions un peu
encombrant qui se jouait, le musicien étant à l’intérieur avec un goindrier. Il doit n’y avoir que 2 ou 3 pièces pour goindre et orchestre.
C’est donc, naturellement en combinant ses connaissances de l’eau et de la musique qu’il mit au point son invention la plus aboutie : La Gloutte.
5 ans, mais qu'est ce devant l'éternité ?
Ca dépend, "sous qui" comme on dit au Japon.
Plutôt que d'en reprendre pour 5 ans, si on en reprenait pour 2000 ans.
Le Vingt et unième siècle sera religieux ou ne sera pas.
A. Malraux.
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Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra
jamais remplacer le curé ou le pasteur.
Nicolaï le Bref.
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Pour rencontrer Dieu, on peut aller dans une l’église, une mosquée, une synagogue, au temple, à la cabane bambou, dit
on.
Et là, avec un peu de chance, pour quelques pièces tu seras touché par la grâce.
Mais pour connaître l’origine, la genèse d’un culte, les premiers disciples, alors là, le bistrot est le bon
endroit.
Les prophètes ne prêchent plus dans le désert, ils prêchent au bistrot, à la buvette, à la paillote.
Enfin, c’est-ce que je crois, je l’ai constaté, pas plus tard qu’il y a pas si longtemps.
« Gwégwoiwe Gaittautwou est wessuscité d’entwe les mowts!!"
Cette rumeur s’est répandue dans l'îlet.
Il parait que ce n’est pas la première fois que ça arrive :
les mecs qui ressuscitent au bout de 3 ou 4 jours.
Aux Antilles, des morts vivants y en a à tous les coins de rues.
Tous le monde en connaît, en a rencontré.
Mais un blanc !
Grégoire, c’était un béké, un saint homme, jamais avare de sa tournée.
Dernier rejeton d’une grande famille de planteurs,
il avait allégrement dépensé la fortune familiale à faire le bien autour de lui.
Le bien des hommes, quelque soit leur couleur de peau,
et la fortune des bistrots et autres paillotes.
Sa fin, tragique, fut le point d’orgue de sa vie.
Au cours d’une soirée mémorable de libations et de débauche.
Il finit noyé dans son vomit.
Son ensevelissement fut d’une folle tristesse : une pelleté de terre, une tournée, une pelleté de terre, une
tournée....
Il fallut 3 jours pour reboucher la tombe.
La ligne de vie de Grégoire c'était :
- Aimes les autres au moins autant que tu t’aimes, un truc de branleurs, simple.
- Vis ta vie, elle est précieuse….et courte. Pas de seconde chance.
- La vie est bien perdue, quand on a pas vécu comme on l’aurait voulu.
- A ta naissance tout le monde rit, et tu es le seul à pleurer.
Conduit ta vie de façon à ce qu'à ta mort tout le monde pleure
et que tu sois le seul à sourire.
On a beaucoup pleuré à sa mort, de rire.
Pt’in ça donne soif !!!!
Tchin !
Plus tard, en vidant sa tanière, on a trouvé une lettre, pour moi..
Une sorte de testament, je vous le livre :
"Les piliers sur lesquels pourraient reposer ma religion, plutôt une philosophie d’ailleurs,
sont tous des piliers de bistrot, pas très stables donc, et c’est tant mieux.
Le rituel est simple et universel et tient en quelques mots, quelques gestes :
- C’est ma tournée, remettez nous ça, cul sec !
- Pas de femmes voilées, bien au contraire, tenue légère souhaitée.
- La Conversion est très ouverte il suffit de prononcer ces mots :
- "C’est pour moi." Une sorte d'intronisation donc.
Ca m'a fait marré, moi en prophète. On a arrosé ça, avec les premiers disciples.
Puis, se forma une procession
autour de la paillote en chantant la gloire de nos martyres :
Charlotte, Huguette, Janetton, les 80 chasseurs et la grosse b*** à Dudule.
La liturgie selon St Grégoire.
Puis en quelques semaines on a trouvé autre chose à commémorer.
Un glissement de terrain emportât sa tombe à la mer et ce fut tout.
« Gwégwoiwe Gaittautwou est wessuscité d’entwe les mowts!!"
Ils se sont mis à le voir partout, à la pêche, au bistrot, au marché. Des copains qui bossaient à Emmaüs m'affirmèrent avoir discuté avec lui.
Ça nous faisait marrer mais aller, pour la mémoire de Grégoire, on payait encore une tournée.
Un matin, la bouche un peu pâteuse, allant pisser au jardin, IL était là.
A contre jour du soleil levant la lumière faisait un halo autour de sa silhouette.
C'était bien lui, Grégoire, mon pote.
Quand mes yeux furent habitués à cette lumière crue,
je vis son visage s'illuminer d'un sourire d'une grande bonté.
Tendant ses mains vers moi, sans mots dire, il s'éleva dans la lumière
Et disparu derrière les nuages.
Et moi, la bite à la main les yeux mouillés, je souriais aux anges en arrosant de fraîches primevères.
Il flottait dans l'air des parfums mêlés d'embruns et d'anis.
Ne me demandez rien de plus, c'est arrivé, je l'ai vu.
Vu sur Médiapart :
Une présentation lyrique de l'annonce faite au peuple Par Nicolas.
Depronfundis Morpionibus
Pendant que tout le monde se mobilise pour les toutous, les bébés phoques et autres espèces protégées, un drame affreux
se joue tout près de nous.
Dans l’indifférence générale et à l'abri des regards, une espèce est menacée d’extinction par la déforestation de son
habitat : le MORPION !
Est-ce une conséquence de la suppression du service militaire si ce que l’on appelait autrefois les « gaietés de
l'escadron », les MST, sont en train de disparaître l’une après l’autre ?
Il y a le SIDA qui, , par l’usage intensif du préservatif, et c’est bien normal, nous a déjà privé de la bléno, des
chlamydias, trichomonas et autre siphilo qui ont égaillé nos adolescences turbulentes, mais il nous restait encore, pour rigoler avec les copains.
Le
Morpion
Mais le pubis nouveau est arrivé, tondu comme un œuf, Le désert des tartares„„ La désolation aseptisée.
Je croyais que les temps des femmes tondues étaient révolus.
Disparu le divin duvet. la sublime touffe odorante et moite ? Disparue.
Cette forêt, dernière barrière à franchir pour atteindre dans sa clairière magique :
la sublime porte.
Maintenant t'as un ticket de métro, et hop, dans le tunnel.
Où est passée la poésie, le mystère ?
Alors, je pousse un cri !
Sauvons les morpions pendant qu’il est encore
temps,
Halte à la déforestation,
Sus à la tondeuse et au rasoir,
Terminé la cire à épilée scélérate,